Lettre autographe à Victor Hugo [Hauteville House, Guernesey]
Louis Boulanger (1806-1867)  Manuscrit
[Dijon], 1^er avril 1866
Ancienne collection Lucien Graux (1878-1944), achat, 1958.
Inv. 1958.31.1.14 [163.14]

« Je viens de lire les Travailleurs de la mer, cher ami et je suis encore tout ému d’admiration; comment vous dire ce que l’on ressent en présence d’une si belle chose ! Il faudrait votre plume pour la louer dignement, moi pauvre peintre (si je suis peintre ?) je me contente de sentir une telle merveille et d’en jouir, comme j’ai fait des précédents. Je vous embrasse avec respect, cher Victor, et vous remercie de toutes les joies que vous me donnez. Quel travailleur infatigable êtes-vous donc ? Quel spectacle extraordinaire qu’un génie comme le vôtre, toujours ardent, créateur jeune et plus jeune que jamais ! Combien je suis heureux de pouvoir me dire votre ami, et que je suis fier lorsque je pense à toutes les marques de sympathie que vous m’avez prodiguées : c’est là la belle part de mon passé. Ma femme qui vous admire comme moi ajoute ses remerciements aux miens pour tous les nobles transports que vous nous faites éprouver et tous deux nous prions Dieu de vous accorder de longs jours que vous remplirez de nouveaux chefs-d’œuvre. Adieu ou plutôt à revoir car je ne veux pas abandonner l’espérance de vous revoir avant de disparaître.

Votre vieil ami
Louis Boulanger

J’ai un beau garçon de six ans passés aujourd’hui auquel je fais apprendre vos vers, cela lui portera bonheur. »