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Les Travailleurs de la mer

Inv. 1972.12.85 [1454]

Lettre autographe signée à Marie-Arsène Lefèvre

Auguste Vacquerie (Villequier, 1819 – Paris, 1895)

10 [juillet 1853]

Manuscrit

Don Gaveau, 1972

 

 

Ma chère sœur, je t’envoie encore deux portraits, dont je suis content. Le mien est moins fin et moins précis que l’autre, mais comme expression il est très satisfaisant. L’autre est d’une ressemblance parfaite – je le regarde même comme le plus ressemblant que j’ai encore fait. Je joins à ces deux portrait, le portrait de la maison. Je voulais toujours te l’envoyer mais elle est très difficile à faire parce qu’elle est blanche et qu’elle risque de se confondre avec le ciel. Je l’ai manqué plusieurs fois ; enfin cette épreuve t’en donnera une idée. C’est la façade qui regarde la mer. La dernière fenêtre à gauche est celle de mon cabinet ; si tu avais les yeux assez longs, tu pourrais me voir à travers la vitre t’écrivant cette lettre. Les deux fenêtres qui suivent (au même étage) sont celle de la salle à manger. Les 2 au-dessus sont celles de la chambre de M. H. Nous n’occupons que la moitié de la maison ; l’autre moitiés, celle qui se perd dans l’enfoncement, à d’autres locataires. Mais la maison est double ; toutes les chambres sont sur la campagne. De plus, les deux salons, la cuisine, etc, sont derrière la serre. Maintenant te voilà renseignée et tu peux te figurer que tu nous vois. Je t’enverrai une autre fois la vue du jardin et de la terrasse.

            Je t’envoie les trois dessins en double, pensant que maman est encore avec vous. Si elle est repartie, envoie-lui ses trois dessins dans ta prochaine lettre.

            Nous sommes allés lundi dernier faire une excursion à Serk, que les jersiais appellent l’île romantique. C’est admirable. Il y a surtout une chose qu’on nomme la Coupée : c’est une crête entre deux abîmes de trois cents pieds, avec Jersey à gauche et Guernesey à droite, je n’ai jamais rien vu de si prodigieux. Ordinairement, les falaises n’ont l’abîme et la vue que d’un côté, mais ici, c’est une arête entre deux océans. Il y a aussi le port qui est d’une sauvagerie et d’un caractère énormes. Nous n’avons pas eu le temps de voir tout, mais nous y retournerons.

            Nous avons commencé les bains de mer, retardés par le retard de l’été. Je vais en prendre tous les jours où il fera chaud ; je vais faire provision de santé pour l’avenir, car quant à présente, je me porte de manière à ne rien souhaiter.

            À bientôt, ma chère sœur, embrasse tendrement pour moi maman, si elle est encore avec vous, et mon cher neveu.

 

Ton
frère qui t’aime

Auguste

 

Dimanche

1972_12_85 Travailleurs de la mer
1972_12_85_0002 Travailleurs de la mer