Promenades dans les rochers
François Flameng (Paris, 1856 – Paris, 1923)
Pleine page à l’encre et au fusain destinée à illustrer l’édition Hetzel-Quantin, dite définitive des Œuvres complètes, 1880-1889
Paris, 1887
Inv.2004.2.84
Œuvre acquise et restaurée avec le concours de l’État et de la Région Normandie (FRAM / FRAR)
XLVIII
PROMENADES DANS LES ROCHERS.
TROISIÈME PROMENADE.
Le soleil déclinait ; le soir prompt à le suivre
Brunissait l’horizon ; sur la pierre d’un champ
Un vieillard, qui n’a plus que peu de temps à vivre,
S’était assis pensif, tourné vers le couchant.
C’était un vieux pasteur, berger dans la montagne,
Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois,
À l’heure où le mont fuit sous l’ombre qui le gagne,
Faisait gaîment chanter sa flûte dans les bois.
Maintenant riche et vieux, l’âme du passé pleine,
D’une grande famille aïeul laborieux,
Tandis que ses troupeaux revenaient de la plaine,
Détaché de la terre, il contemplait les cieux.
Le jour qui va finir vaut le jour qui commence.
Le vieux pasteur rêvait sous cet azur si beau.
L’océan devant lui se prolongeait, immense
Comme l’espoir du juste aux portes du tombeau.
Ô moment solennel ! les monts, la mer farouche,
Les vents, faisaient silence et cessaient leur clameur.
Le vieillard regardait le soleil qui se couche ;
Le soleil regardait le vieillard qui se meurt.
Passage, 5 août. 7 heures du soir.
Les quatre vents de l’esprit. III. Le livre lyrique.
La destinée. XLVIII. Promenades dans les rochers