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Les Travailleurs de la mer

Inv.2005.5.1

Copeau : Les Travailleurs de la Mer
Victor Hugo (Besançon, 1802- Paris, 1885)
Manuscrit autographe avec croquis d’une enclume, 1 feuillet recto simple, non signé, non daté
Vers 1865
Achat Librairie Michel Bouvier, Paris, 2005
Inv.2005.5.1

Ce copeau est composé du dessin d’une enclume et d’un texte biffé de quelques lignes. L’ensemble évoque incontestablement Les Travailleurs de la mer et en particulier la 2e partie du roman – Gilliat le malin.

     Le dessin d’enclume est accompagné d’un lexique technique : « bicorne pyramidale, table, bicorne conique, acier, fer, enclume, bois, billot »

Cette note technique est directement exploitée dans Les Travailleurs de la mer. Partie 2 – Gilliat le malin ; 1er Livre – L’écueil ; chapitre x – La forge :

« Gilliatt prit pour enclume un gros galet roulé d’un grain très dense, offrant à peu près la forme et la dimension voulues. C’était là une base de frappement fort dangereuse, et pouvant éclater. Une des extrémités de ce bloc, arrondie et finissant en pointe, pouvait à la rigueur tenir lieu de bicorne conoïde, mais l’autre bicorne, la bicorne pyramidale, manquait. C’était l’antique enclume de pierre des troglodytes. La surface, polie par le flot, avait presque la fermeté de l’acier. »

     Quant au texte biffé, on peut y déchiffrer :
 « (…) Les forces faisaient plus que l’environner, elles l’enveloppaient. Envelopper, c’est le commencement d’assiéger. Il luttait faire (…) toutes à la fois. Le vent était là, prêt à souffler ; la mer était là, prête à rugir. Impossible de bâillonner cette bouche, le vent ; impossible d’édenter cette gueule, la mer. Il luttait, seul, désormais, (…), homme contre les éléments comme dans l’immensité (…) ».

Cet extrait peut être rapproché 4e livre – Les doubles fonds de l’obstacle ; chapitre VI – De Profundis ad altum « des profondeurs aux hauteurs » :

« En arrivant dans l’écueil Douvres, il s’était vu entouré et comme saisi par la solitude. Cette solitude faisait plus que l’environner, elle l’enveloppait. Mille menaces à la fois lui avaient montré le poing. Le vent était là, prêt à souffler ; la mer était là, prête à rugir. Impossible de bâillonner cette bouche, le vent ; impossible d’édenter cette gueule, la mer. Et pourtant il avait lutté ; homme, il avait combattu corps à corps l’océan ; il s’était colleté avec la tempête. »