La Durande après le naufrage
Charles Louis Michelez (Paris 1817-Paris 1894)
Inscr. Cachet humide : Michelez, Paris, 84 rue d’Assas
Photographie albuminée, montée sur papier chine gris puis sur vélin fort
Achat en vente publique aux enchères (Goxe – Belaisch – Hôtel des ventes d’Enghien, 22/09/2022, Enghien-les-Bains, lot n° 130)
Inv.2022.7.1
« Quant à la Durande, il fallait en prendre son parti, la catastrophe était irrémédiable. Le patron du Shealtiel avait assisté à la dernière phase du naufrage. Le rocher fort aigu où la Durande était en quelque sorte clouée avait tenu bon toute la nuit, et avait résisté au choc de la tempête comme s’il voulait garder l’épave pour lui ; mais au matin, à l’instant où le Shealtiel, constatant qu’il n’y avait personne à sauver, allait s’éloigner de la Durande, il était survenu un de ces paquets de mer qui sont comme les derniers coups de colère des tempêtes. Ce flot avait furieusement soulevé la Durande, l’avait arrachée du brisant, et, avec la vitesse et la rectitude d’une flèche lancée, l’avait jetée entre les deux roches Douvres. On avait entendu un craquement « diabolique », disait le patron. La Durande, portée par la lame à une certaine hauteur, s’était engagée dans l’entre-deux des roches jusqu’au maître-couple. Elle était de nouveau clouée, mais plus solidement que sur le brisant sous-marin. Elle allait rester là, déplorablement suspendue, livrée à tout le vent et à toute la mer. »
Les Travailleurs de la mer, I, 7, 1